La mission de Paul Pelliot au Turkestan chinois et en Chine (1906-1909) : les clefs d’un succès
- Les Français bons derniers
- Un programme déterminé, mais des objectifs imprécis
- Des préparatifs minutieux
- Mannerheim, compagnon vite quitté
- Premières recherches à Kachgar
- Tumushuke, premiers succès
- Koutcha, découvertes et déconvenues
- Le petit monde de l’École française d’Extrême-Orient
- Ouroumtchi, le tournant
- Dunhuang, la réussite
- Pékin-Hanoï, le retour
- Pékin encore
- Paris, le triomphe
Des préparatifs minutieux
Lorsque Pelliot est désigné comme chef de la mission française au Turkestan chinois, il a quitté l’Indochine depuis presque un an. Le 9 juillet 1904, il a laissé Hanoï pour la France, où il est chargé d’une « mission scientifique gratuite »22
« Le domaine propre de l’École est naturellement l’archéologie et la philologie, mais entendues dans le sens le plus large ; aussi peut-on constater que, dès maintenant, son activité s’étend, pour l’Extrême-Orient, l’Inde comprise, à tout le vaste champ des sciences historiques. Tel est le caractère de l’École depuis sa fondation, et tel il doit rester. Nous avons là un organisme excellent, qui fonctionne à merveille, que l’étranger admire et nous envie ; on pourra, on devra le développer ; mais il faut bien se garder de le déformer et fausser par des surcharges indiscrètes. »24
De fait, il s’agissait entre autres choses de créer au Tonkin des écoles secondaires et supérieures afin d’instruire de jeunes Chinois des provinces voisines, de proposer des bourses au profit de ceux d’entre eux qui passeraient ensuite par l’École de médecine organisée au Tonkin et de créer peut-être une École industrielle où l’on donnerait, sous une forme simplifiée, des cours sur les arts et métiers. S’y ajoutait le souhait d’obtenir au profit d’enseignants français des chaires dans les établissements d’enseignement supérieur naissants de la Chine ainsi que de participer à la création en Chine de divers établissements d’enseignement secondaire et supérieur (ici une école industrielle, là une école de médecine, ailleurs une école d’administration, etc.), tous projets pour lesquels l’EFEO aurait dû intervenir, au moins indirectement, dans la formation des enseignants. Quand Pelliot partira pour l’Asie centrale, c’est son collègue Claude Maître qui le remplacera pour représenter l’EFEO dans ces entreprises. En 1905, une direction générale de l’Instruction publique est créée, et l’année suivante un Conseil de perfectionnement de l’enseignement indigène, présidé par le directeur de l’EFEO25
C’est au cours du premier trimestre 1905 que la mission de Pelliot se transforme insensiblement en projet d’expédition en Asie centrale. On ignore dans quelle mesure le séjour qu’il effectue en Russie au cours de cette période est lié à la préparation de la nouvelle mission. Il a obtenu un laissez-passer de la République française pour se rendre en Russie dès le 5 novembre 1904 26
Au début du mois d’août 1905, les préparatifs du voyage en Asie centrale commencent effectivement. À l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, à l’origine de la mission, se sont adjoints le ministère de l’Instruction publique, celui des Beaux-Arts et des Cultes, le Muséum d’histoire naturelle, la Société de géographie et le Comité de l’Asie française. Émile Senart est l’âme du projet, et c’est surtout à lui que Pelliot rendra compte de sa mission. Le Comité de l’Asie française et son président Senart en premier lieu, ainsi que le prince Roland Bonaparte, président de la Société de géographie, accordent un soutien important, de même que l’Académie et plusieurs particuliers, dont Robert Lebaudy28
Le 19 juillet, Alfred Foucher, alors directeur de l’EFEO, envoyait à Pelliot depuis Hanoï une lettre de félicitations, mais non dénuée de réserves :
« Je vous dirai seulement en confidence que je ne suis qu’à moitié content de vous voir vous précipiter, comme il semble, vous aussi, sur le Turkestan, et prendre votre billet à la loterie à la mode : une bonne petite exploration archéologique de tous les sites que vous connaissez en Chine par les textes fournirait des résultats moins tapageurs peut-être, mais plus sûrs et non moins utiles. Sans doute vous y penserez au cours de votre voyage de retour, si vous continuez sur Pékin… ou sur Hanoï. Sans doute vous passerez par la Russie ? Je n’ai guère cru aux raisons de Grünwedel qui m’écrit qu’il passe cette fois par l’Inde, à cause de troubles plus ou moins réels sur la frontière russe. Encore une fois bonne chance : pour moi j’ai bon espoir. Un des gros regrets de Stein était de ne pas savoir le chinois : ce sera votre force de le savoir comme vous le savez. »35
Enfin, le 21 juillet, le ministère des Colonies (dont dépendait l’EFEO) fait savoir que Pelliot conservera sa solde et que ce sera là sa seule contribution à la mission. Par un arrêté du 2 août, Pelliot est autorisé à prolonger son séjour hors d’Indochine pour une durée de deux ans36
La mission étant financée, il revient à celui-ci de choisir des compagnons de voyage. Ce seront Louis Vaillant, médecin de l’infanterie coloniale, et Charles Nouette, photographe. Le docteur Louis Vaillant, né en 1874, était le fils de Léon Vaillant (1834-1914), zoologiste, enseignant au Muséum où il fut titulaire de la chaire des reptiles et des poissons. Il connaissait Pelliot depuis sa jeunesse et fut chargé par lui de tout ce qui concernait l’histoire naturelle, des relevés topographiques et astronomiques, et de l’anthropologie. Charles Nouette (1868-1910), qui devait mourir peu après la fin de l’expédition, était photographe indépendant, installé au 25, avenue Denfert-Rochereau à Paris. Contacté par Pelliot le 14 septembre 1905, Nouette n’hésite pas à offrir son concours malgré des appointements qu’il juge minimes. Contrairement à ses deux compagnons, il perd en effet les revenus de son travail habituel pendant toute la durée de la mission.
La préparation de la mission s’étale sur plusieurs mois, presque un an, le départ étant retardé en raison des événements qui surviennent en Russie. L’agitation qui couvait depuis plusieurs années dans l’empire russe et la révolution avortée de 1905 qui en est résultée ne pouvaient faciliter l’organisation du passage de l’expédition française à travers le pays. Tout à la fin de 1905, le 28 décembre, Sergei F. Ol’denburg écrit à Pelliot :
« Cher Monsieur,
La poste fonctionne très irrégulièrement et Votre lettre me parvient après un long délai.
Je pense qu’il serait désirable de laisser passer la fatale journée du 9/22 janvier37
Grünwedel est à Kuca [Koutcha] et passera à Tourfan, notre expédition s’occupera spécialement de Kuca et devra dresser une carte archéologique du district.
Ne choisirez Vous pas Hami et la région entre Tourfan et Hami, très peu explorée (connaissez Vous le livre de Grum-Grshimaïlo sur le pays ?) ou comptez Vous, vu les intérêts de M. Senart, passer par la route du Sud-Khotan etc ?
Ces mois ci m’ont amené un énorme surcroit de travail [ ;] je ne parle pas déjà de l’état d’âme dans lequel se trouve chaque Russe [ ;] on a beau se dire, tous les pays ont passé par là [ ;] une révolution reste toujours terrible pour ceux qui appartiennent au pays où elle se fait.
J’attends avec impatience de vos nouvelles.
Bien des amitiés à Monsieur Barth, Monsieur Senart, Finot, Lévi. Bien à Vous
Serge d’Oldenburg. »38
Les cinq premiers mois de l’année 1906 sont consacrés à la préparation matérielle de la mission et aux négociations avec les autorités russes sur le passage des missionnaires en Russie et l’organisation du voyage. Pelliot s’est informé sur le déroulement des diverses expéditions qui ont déjà eu lieu, celles de Nikolaj M. Prževal’skij, de Grigorij E. Grum-Gržimajlo, de Sven Hedin, d’Aurel Stein, également celle de Fernand Grenard.
Notant que Grenard avait dépensé entre 110 000 et 120 000 francs en quatre ans, Pelliot dresse la liste suivante de fournitures :
« Tentes Si on prend gde tente kirghize ronde (deux chevaux pour la transporter) (ui, yourte)
Si on prend tente kirghize ordinaire, est assez lourde, moins chère, pas très fraîche en été.
Tente anglaise à double toit est, quand il n’y a pas absolument grand froid, la plus commode, moins lourde. Calculer prix du transport jusque sur place.
Grande tente abri armée russe permet de tenir plus mais elle est sans murs
droits. A suffi à Grenard-Dutreuil.
Armes Avoir des Berdan. Fusils de chasse [mot illisible].
Chevaux Acheter à Och. On en trouve aussi de bons Mongols à Kharachar. Carte russe en verstes au pouce (Turkestan chinois). On la trouvera à
Tachkend.
Emporter peut-être quelques instruments de travail ([mot illisible], leviers) de Tachkend (il n’y en a pas encore à Kachgar).
Cordes du Turkestan chinois meilleures que celles du Turkestan russe. Bâts d’Andidjan et Kachgar meilleurs que ceux de Tachkend
Acheter la sellerie à Tachkend.
Acheter à Moscou ou Tachkend bottes (2 paires, [mot illisible] et tiges), dans lesquelles on peut mettre des bas de feutre. Les pimyi (gros valenki) sont confortables, mais ne passent pas dans les étriers.
[mot illisible] du Turkestan russe un ou deux musulmans. Cuisiniers du Turkestan.
Cognac, café (champagne)
Prendre thé à Tachkend, car à Kachgar et ailleurs guère que du thé en brique. Bougies russes bonnes à Kachgar, Koutcha, etc.
Il n’y avait pas de pétrole au Turkestan chinois du temps de Grenard ; le cas échéant, serait bon d’en emporter un peu de Tachkend.
Acheter à Tachkend petit poële pour la tente. Des boîtes de beurre de table.
Un peu de curry (il n’y en a pas dans le pays) (quelques flacons)
Quelques boîtes de lait conservé. Quelques boîtes de légumes.
Du corned-beef, des sardines, etc.
Quelques boîtes à musique. Lanternes magiques.
Trois ou quatre Coran dorés sur tranche, éd. de Leipzig (chez Leroux ou Maisonneuve)
Quelques montres en argent.
Acheter quelques khalat à Tachkent pour cadeaux. Quelques canifs, petits [mot illisible] possible.»39
Grenard, interrogé sur la question, répond ainsi à Pelliot (26 mars 1906) :
« Cher Monsieur,
Nous nous sommes servis de charrettes ou arba dans le Turkestan chinois entre Kachgar et Khotan. Ces charrettes sont attelées de 4 chevaux et portent 600 kilogr. Elles ne sont pratiques que pour les bagages que l’on veut transporter d’un point à un autre sans y toucher en cours de route. Les prix sont les mêmes que pour les chevaux : 3 ½ à 4 taels* (* 11-14 tengas de Kachgar par voiture et par étape) par tonne et 100 kilomètres. La vitesse commerciale est aussi la même : 35 kil. par jour ; mais avec des chevaux la journée est plus vite terminée.
En ce qui concerne le lait, ma mémoire m’a trompé parce que je ne me sers pas moi-même de lait pur. On trouve dans les oasis du Turkestan tout le lait de vache dont on peut avoir besoin. Les indigènes mangent le matin avec leur thé de la crème fraîche faite avec du lait de vache. Dutreuil de Rhins la trouvait très bonne.
Veuillez me croire, cher Monsieur, votre bien dévoué,
F. Grenard. »40
Pelliot s’est également informé, par l’intermédiaire de Vaillant, auprès d’Émile Muller, professeur en retraite, membre de la Société de géographie, installé à Tachkent. Muller, dans une lettre du 14 janvier 1906, conseille
« de demander à l’ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg des lettres de recommandation pour le gouverneur général de Tachkent ; de demander un permis de port d’armes ; de vérifier la sécurité et de choisir la route en fonction de cela, c’est-à-dire soit par fer, Batoum-Bakou, soit par Orenbourg ; de traverser la mer Caspienne par bateau (traversée durant 18 h), de choisir des hôtels avec propriétaire français (plus facile) ; d’acheter des chaussures, des bougies, etc. »41
G. E. Grum-Gržimajlo, qui a conduit avec son frère plusieurs expéditions en Asie centrale et jusqu’en Mongolie, apporte à Pelliot des renseignements précieux. Ses recommandations ont trait là encore aux détails matériels de l’organisation du voyage, auxquels s’attache Pelliot car il souhaite éviter les ennuis dus à une mauvaise préparation. Sont évoqués ainsi l’utilisation d’un bât à fourche pour porter la tente, la charge supportée par les chevaux, la dimension des coffres à porter, le choix des chevaux, les soins à leur apporter (le médecin de l’expédition faisant office de vétérinaire), le choix des selles, cosaques ou américaines, et des étriers, des ferrures, etc. L’explorateur russe recommande en outre de se munir de bottes et de valenkis (bottes de feutre utilisées pendant l’hiver), de chemises russes à col, de cadeaux, d’essence de canneberge pour purifier l’eau, etc.42
Dans une lettre du 24 mars 1906, Grum-Gržimajlo donne à Pelliot des précisions sur le transport des bagages à travers la Russie, qui devront être plombés :
« Cher Monsieur,
À l’époque où, pour affaires de service, je n’allais pas pendant quelques jours à la Direction Générale des Douanes, mon adjoint a formulé pour le Ministre des Finances un rapport au sujet de l’admission des bagages qui Vous accompagnent ainsi que des bagages qui passeront par Libau.
Aux termes de ce rapport, qui a été affirmé par Son Excellence, tous les colis formant vos bagages devraient être plombés par les bureaux de douane d’entrée et Vous délivrés à Kachgar, ce dont l’Ambassade de France a été informée.
Voyant qu’une pareille solution de la question ne pouvait pas Vous arranger, j’ai préparé un nouveau rapport d’après lequel Vous aurez à présenter Vos valises à main à la douane de Cocand et l’agence de transport y remettra les bagages qui passent par Libau, après quoi Vous rentrerez en possession de tous les colis qui ultérieurement ne subiront plus de contrôle douanier à Srzechtam ni à Kachgar.
Espérant que cette façon correspond tout à fait à Vos projets de voyage, je Vous prie, cher Monsieur, d’agréer les assurances de ma considération distinguée.
Gr. Groum-Grgimaïlo. »43
C’est qu’en effet les bagages étaient nombreux. 67 caisses furent expédiées de Paris au Havre, puis chargées sur le vapeur Moskov à destination de Libau (l’actuelle Lipāja en Lettonie) par les soins de la compagnie maritime Bauzin le 1er juin 1906. L’acheminement des bagages était ensuite prévu par voie ferrée en direction d’Aleksandrovo, Moscou, Orenbourg, Tachkent, Kokand et enfin Andijan, après quoi le voyage se poursuivrait avec chevaux et charrettes. Les colis arrivent bien à Libau, mais l’agence de transports internationaux Schreter de Paris informe Pelliot que les formalités douanières auront lieu à Kokand et non à Andijan44
Dans les papiers de Pelliot ont été conservées nombre de factures détaillant les vivres et les objets composant les colis expédiés : lait, beurre, sucre (100 kg), champagne (25 demi-bouteilles de la marque Coste-Folcher étiquetées « Mission Pelliot »), rhum et armagnac (6 bouteilles-litres de chaque). La liste complète des 67 colis est dressée par la Compagnie des bateaux à vapeurs réunis (Det Forenede Dampskibs Selskab) de Copenhague, à savoir :
« - 8 caisses pharmacie
- 1 c. campement
- 1 c. armes (4 fusils de chasse et 3 revolvers) [en fait deux fusils de chasse, une carabine Winchester et une carabine Flaubert]
- 4 c. produits alimentaires45
- 4 c. papeterie
- 1 c. fourrures
- 18 c. appareils divers
- 1 c. appareil divers
- 2 c. vêtements
- 4 c. malles vêtements
- 1 c. pieds pour appareils photographiques
- 1 c. matériel de cuisine
- 2 c. vêtements divers
- 1 c. bidons vides
- 2 c. sellerie
- 1 c. bouteilles vin Champagne
- 2 c. lait
- 6 c. vivres
- 4 c. sucre
- 1 c. conserves de viande
- 1 c. boîtes à musique
- 1 c. eau de vie (30 kgs)
Total 2 466,5 kg. »46
Il faut encore ajouter à cette liste 6 autres colis qui ont été plombés à Aleksandrov et 17 autres expédiés à Andijan par une voie différente et arrivés avant les autres, soit en tout 90 colis. Pelliot, dans ses Carnets de route, écrit à la date du 27 juillet 1906 que tout cela pèse environ 200 pouds, soit presque 3,3 tonnes, « et il faut leur ajouter ce que nous achèterons encore à Andidjan et Och… Notre bagage paraît à tous formidable »47
La traversée du territoire russe avait fait l’objet de négociations délicates avec les autorités du pays. Les bouleversements politiques et les grèves ne facilitaient pas la préparation du voyage. En février 1906, Pelliot remet à un colonel russe (Adatach ?) des indications et des demandes précises :
« Expédition Pelliot en Asie Centrale
Cette expédition scientifique a été organisée sur l’initiative du Comité français de l’Association Internationale pour l’exploration de l’Asie Centrale et de l’Extrême-Orient. Les fonds ont été souscrits par le Ministère de l’Instruction publique, l’Académie des Sciences, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le Museum d’Histoire naturelle, les principales sociétés de géographie et quelques particuliers.
L’expédition est menée sous la direction de M. Pelliot. Les membres français sont :
M. Paul Pelliot, professeur de chinois à l’École française d’Extrême-Orient à Hanoï,
M. Louis Vaillant, médecin major de 2e classe de l’armée coloniale,
M. Nouette, photographe.
Le personnel indigène se recrutera sur place, tant au Turkestan russe qu’au Turkestan chinois.
Les facilités que je serais heureux d’obtenir des autorités russes sont les suivantes :
1o Communication des livres, cartes et documents publiés par l’État Major général à Saint-Pétersbourg et l’État-major de cercle à Tachkend, et dont presque aucun n’existe en France. Je souhaiterais principalement ainsi :
La carte d’état-major russe de la frontière russo-chinoise et de la Chine septentrionale,
Les Sborniki geografi[, topografi i statisti] cheskikh materialov po Azii, publications sur l’Asie centrale et la Chine de la section de statistique militaire de l’état-major général49
2o Si possible, gratuité de transport pour moi et mes deux compagnons et pour notre matériel sur les chemins de fer russes. Notre matériel s’élève approximativement à 3 000 kilogrammes, et tiendrait certainement dans un wagon. Ce matériel se compose d’instruments d’astronomie et de topographie, de matériel photographique, de provisions de bouche, d’objets de campement et de médicaments.
3o Entrée en franchise de notre matériel, qui ne fait d’ailleurs que traverser le territoire russe. En particulier, libre passage pour trois fusils de chasse et trois revolvers, avec leurs munitions.
4o Recommandation pour les autorités russes du Turkestan, en particulier pour le gouverneur général à Tachkend. Éventuellement aussi pour le consul russe de Kachgar, d’Ouroumtsi.
5o Autorisation d’acheter à Tachkend quelques fusils Berdan avec leurs munitions, et aussi, le cas échéant, quelques objets de campement comme une tente militaire russe.
6o Vouloir bien prier le consul russe de Tchougoutchak [Tacheng 塔城, au nord du Xinjiang] de consentir à transmettre par télégraphe russe les télégrammes que nous lui ferons parvenir de Kachgarie par le télégraphe chinois.
Notre itinéraire sera par Alexandrovo, Moscou, Orenbourg, Tachkend, Kachgar, Koutcha, le Lob Nor, Cha-tcheou, Si-ngan-fou, Ta-t’ong-fou au Chan-si, Pékin. Le voyage doit durer deux ans. »50
Au cours des mois qui suivent, les négociations deviennent plus complexes, les autorités russes formulant de leur côté des exigences, avec en particulier l’entrée en scène du Finnois Carl Gustav Mannerheim.