Aqsou, le sous-préfet et sa famille

Charles Nouette

Le dernier jour du séjour à Aksou, le 23 décembre, ils sont de nouveau conviés à déjeuner chez le mandarin. Pelliot apprécie l’ouverture d’esprit de ce fonctionnaire de cinquante-neuf ans, originaire du Shandong. Il s’appelle Yao Wenlin, 姚文林, fut reçu deux fois en audience impériale à Pékin et occupa le poste de mandarin successivement dans le Shaanxi et au Gansu avant d’être nommé à Aksou. Il est vêtu du costume officiel des fonctionnaires en hiver bordé d’hermine blanche. Le carré de soie brodé réglementaire, buzi, 補子, à figure d’oiseau, semble-t-il, distingue un fonctionnaire civil. Aux neuf classes qui constituent ce corps d’état correspondent neuf volatiles différents. Semblablement, ce sont cette fois neuf animaux différents brodés sur les « carrés » qui distinguent les fonctionnaires militaires.

Yao Wenlin porte le couvre-chef d’hiver à fourrure et à retors de soie, la robe de dessous aux manches longues et dont les extrémités brodées recouvrent entièrement les mains, ainsi que les bottes en satin noir à semelles épaisses. Nouette fait deux plaques. Ces portraits de mandarins respectent une stricte frontalité qui est de règle, mais vient de l’usage des portraits peints, de même que la symétrie et une savante répartition en fonction de la hiérarchie.