Turfan, ouverture de la vallée

Charles Nouette

Le site de Tourfan n’est que fort peu documenté dans les Carnets. La région est cependant très riche en sites bouddhiques, à commencer, au nord-est, par Yâr (ya’er, 雅兒) appelée aujourd’hui Jiaohe (交河故城) et Gaochang, 高昌, l’antique ville de Tourfan ; Astana au sud-ouest de la ville chinoise ; plus au sud et à l’est, Lukchum et Toyuk ; enfin en remontant vers le nord-est mais avant la Tourfan chinoise, les sites de Sangam-aghiz, Bezeklik et Murtuk.

Jiaohe est mentionné dans les Carnets le 29 décembre 1907, parce que la mission arrive à Tourfan le même jour en passant précisément par Jiaohe qui fut la capitale de l’oasis jusque sous les Tang. Il en est à nouveau question le 3 janvier 1908 et c’est probablement de ce jour que date l’essentiel des clichés pris sur le site (AP7604-7624). Une dernière mention, également succincte, est celle qui est incluse dans la lettre du 16 janvier (Carnets, p. 411). Le nom actuel de cette ancienne cité est toujours Jiaohe 交河 (on y a seulement ajouté Gucheng, 古城). Jiaohe signifie « endroit où les rivières se rencontrent ». La ville forteresse a en effet été construite sous les Han et connut son apogée sous les Tang. Elle fut abandonnée par la suite. Elle se dresse sur un promontoire créé dans le relief par les deux bras de la rivière Jiaohe, Ya’er he, 雅兒河, au nord-ouest qui l’enserrent avant de se rejoindre un peu plus bas au sud-ouest. Ce plateau rappelle ainsi la forme d’une « feuille de saule ». Les bras de la rivière et les à-pics de chaque côté du plateau ont fait qu’il n’a pas été nécessaire de construire de mur d’enceinte. Tous les clichés « panoramiques » manquent malheureusement d’une orientation précise et il est difficile de déterminer avec certitude depuis quel côté du plateau la photographie a été prise ni à quel endroit. Pour ce cliché intitulé « ouverture de la vallée », on supposera qu’il a été réalisé au nord et même encore assez loin de l’ancienne ville. À gauche, un mazâr ?