Peking, temple du Ciel

Charles Nouette

La salle des prières pour de bonnes moissons, Qi Gu Tan, 祈谷壇 ou Qi Nian Dian, 祈年殿, est le plus majestueux des bâtiments constituant le temple du Ciel, Tian tan, 天壇. Situé au nord, il accueillait l’empereur le huitième jour du premier mois lunaire et au solstice d’hiver pour recevoir la prière écrite par laquelle il implorait le ciel afin qu’il fasse briller le soleil ou tomber la pluie. C’est un bâtiment circulaire à trois toits coniques superposés couverts de tuiles vernissées, posé sur une terrasse de marbre également circulaire où l’on accède par des escaliers au nombre de neuf traversant les trois degrés du tertre. Les terrasses comme les escaliers sont ornés de balustrades. Le bâtiment s’inscrit dans une large enceinte carrée. Érigé sous le premier empereur Ming, Yongle, 永樂, entre 1406 et 1420, il fut modifié par Jiajing, 明嘉靖 (1521-1567) et à nouveau par Qianlong, 乾隆 (1736-1796). Sous les Ming, les tuiles des toits étaient de différentes couleurs, bleu pour le ciel, jaune pour la terre et vert pour le monde des mortels ; sous la dynastie Qing, ils furent tous couverts de tuiles vernissées bleues. L’entrée se fait face au sud, ce qui est l’orientation du cliché, la chaussée est celle qui vient de la Voûte céleste impériale (AP8474). Le symbolisme cosmique tel qu’il est conçu en Chine (terre carrée, ciel rond, lien assuré entre le ciel et la terre par l’empereur) est décliné ici comme dans les deux autres bâtiments. À l’intérieur, l’autel principal est entouré par quatre colonnes (les saisons), puis tout autour se dressent un cercle de douze autres colonnes (les mois) et un autre avec le même nombre de colonnes pour deux fois les douze heures. Le total de vingt-huit colonnes évoque les vingt-huit constellations. Tout y est assemblé par tenon et mortaise et l’on fait aussi un large usage des consoles dougong, 斗拱 – qui servent également à soutenir les toits à l’extérieur. De très belles peintures décoratives couvrent la totalité de la voûte et de ses parties basses, ainsi que les colonnes. Elles sont soigneusement entretenues.