Toumchouq, grande rue du bazar

Charles Nouette

Le bazar est le centre nerveux de la vie au village. Il peut rester désert une fois terminé le jour qui lui est consacré, mais des artisans et cultivateurs peuvent aussi s’établir à proximité formant un village et si l’agglomération est assez importante, cela devient alors une « ville », chahr. Les boutiques se suivent de part et d’autre d’une allée centrale, simples banquettes où l’on présente sa marchandise et où l’on s’assied en attendant le client. Le bazar a lieu une fois par semaine et ce rendez-vous, où l’on fait ses emplettes ou vend sa production ou son bétail, où s’échangent tous les potins, où les conteurs ambulants et musiciens mêlent leur art au vacarme ambiant, a bien souvent réduit le nombre de travailleurs venant aux fouilles ce jour-là, comme le note Pelliot plus d’une fois avec gentillesse. L’explorateur Fernand Grenard (1866-1942), compagnon du géographe Jean Léon Dutreuil de Rhins (1846-1894 ; mort en mission dans la province tibétaine de l’Amdo devenue le Qinghai chinois en 1929) et compilateur de la Mission scientifique dans la Haute Asie, 1890-1895, a livré au volume II de cet ouvrage, Le Turkestan et le Tibet, au chapitre VI, plusieurs renseignements concernant l’habitation, le vêtement, la nourriture et l’hygiène. Le bazar vient en tête des questions d’habitation et sa description très vivante se termine ainsi : « puis, le soleil couché, chacun regagne ses pénates, tout rentre dans le silence, les boutiques se vident et le bazar devient désert jusqu’à la semaine suivante… » (1898, p. 94).