Koum Toura, meng uï, grotte Q3, Grünwedel grotte 33, grotte du Nirvāṇa, salle principale,…

Charles Nouette

La grotte du nirvāṇa (de l’extinction du Buddha historique) ou parinirvāṇa (chin. banniepan, 般涅槃) tire son nom de la représentation de cette scène à l’arrière du pilier central, dont la face antérieure portait comme image de culte un Buddha. Il n’en reste que le nimbe et la mandorle peints sur le mur. Pour Grünwedel, il devait s’agir du Buddha historique (voir AP7003 pour les références). La grotte a une forme quadrangulaire simple avec un pilier central et un couloir pourtournant, le tout voûté en dôme. C’est une structure courante à Kumtura. En revanche, le décor l’est moins, très marqué par l’influence chinoise et fait dater cette grotte des viii^e-ix^e siècles, en particulier par les thèmes ornementaux à base de fleurs de lotus, à la fois précis et élégants, ainsi que par l’ornement en vagues ondulantes et florales de la mandorle et du nimbe. Ces derniers apparaissant surtout au viii^e siècle sous les Tang. Les 1 000 buddhas du présent associés au bouddhisme du Grand Véhicule, le Mahāyāna, sont assis sur des lotus, sur toutes les voûtes. Ils sont accompagnés et sont tous tournés en direction de la scène du parinirvāṇa (chin. banniepan, 般涅槃). Les espaces vides sont remplis par des motifs de nuages de bon augure et floraux. Une ligne de cartouches fleuris s’inscrit entre eux et la rangée de buddhas et bodhisattva qui orne les murs, tant de la cella que du couloir. Autour de la statue de culte se développe sur le pilier central une scène tumultueuse, « l’assaut de Māra », Xiang mo, 降魔, le dieu de la mort. Une multitude de démons tous hideux, armés de lances et d’arcs, vociférant, se lancent à l’assaut de Gautama afin de l’empêcher de parvenir à l’éveil. Il y a donc fort à parier que l’image centrale représentait Gautama assis, la main droite touchant le sol dans le geste célèbre de « prendre la terre à témoin » (de son inébranlable décision), bhūmisparśa mudrā (chin. chudi yin, 觸地印) (voir AP8552).