Touen-Houang, grotte 111A, autel (côté gauche)

Charles Nouette

Le flanc gauche (sud) du pilier est lui pourvu de deux niches superposées de moindre taille que celle de la face antérieure. Hormis ce fait, la composition est la même, à savoir un Vénéré dans la niche, une paire de bodhisattva en pied à l’extérieur, car il y a plus d’espace, et des bodhisattva d’offrande en semi-relief sur la paroi. Le Vénéré de la niche est assis en méditation, la main droite semble simplement posée sur sa jambe et la gauche tient un pan de sa robe. Le visage comme le corps avec les côtes saillantes sont émaciés, mais les yeux fermés et les lèvres serrées témoignent de l’intense concentration et de la volonté farouche du méditant. Il s’agit ici du Buddha historique qui, après avoir quitté son épouse, son fils et le palais dans lequel il vivait, cherche comment obtenir l’éveil et songe à pratiquer les austérités. Mais au bout de six années d’une ascèse presque excessive, il comprend que cette méthode n’est pas la bonne et l’abandonne. Cette image du Buddha se livrant aux austérités, Kuxiu xiang, 苦修像, est née au Gandhāra, qui a choisi de montrer un ascète n’ayant plus que la peau sur les os, d’un aspect particulièrement saisissant faisant ressembler le Vénéré à un squelette. Bien que les Wei du Nord n’aient pas été de l’ethnie Han, ils étaient suffisamment sinisés pour avoir adopté les concepts confucéens de mesure dans l’expression des sentiments comme du respect du corps qui vous a été donné par vos parents. De là une certaine modération dans l’expression plastique et l’accent mis sur la volonté inébranlable du Vénéré. Le cliché AP8100 permet de deviner que le Vénéré de l’autre niche est Maitreya (chin. Mile fo, 彌勒佛) assis dans la pose du « bodhisattva songeur », mahākārunikaa (chin. Banjiasiwei pusa, 半跏思惟菩薩).