Kyzyl, grotte A, (= côté gauche pour Grünwedel, Höhle der sechzehn Schwertträger, p. 50…

Louis Vaillant

Le plafond à voûte en berceau de la cella est entièrement peint, depuis l’entrée jusqu’à la niche. Au zénith, plusieurs figures peintes les unes à la suite des autres regardant vers la niche séparent la voûte en deux parties selon une disposition assez fréquente dans la région. Ces deux moitiés sont couvertes de rangées de scènes de buddhas prêchant ou méditant entouré de divers adorants, laïcs, ascètes ou bodhisattva. Chacun est assis au centre d’une montagne en forme de losange constituée par des superpositions d’écailles oblongues avec une même couleur attribuée à toutes pour un personnage central, mais différente pour un autre. Elles sont ponctuées de corolles de fleurs avec parfois tige et feuilles, dans un cas il y a des oiseaux en vol (entre le deuxième et troisième Vénéré de la première rangée, sur une montagne intermédiaire de couleur claire). Seules les montagnes de la rangée supérieure sont plantées d’arbres. Les tons verts et bleus dominent. Chaque côté de la voûte contient cinq rangées de sept Vénérables, sauf l’avant-dernière qui en compte huit. La dernière rangée est consacrée à des avadāna (chin. ebotuona, 阿波陀那) ou jātaka (chin. bensheng, 本生). Les premières n’ont pas le futur Buddha pour personnage principal mais un futur bodhisattva. La robe de tous les buddhas a été consciencieusement grattée afin de récupérer l’or dont elle était couverte à l’origine. La partie zénithale comporte à ses deux extrémités les luminaires célestes : le soleil à gauche, au-dessus de la niche, est un disque rouge entouré d’un halo bleu, la lune au-dessus de la porte, voir aussi AP7464 à droite, est de couleur blanche, figurée par une ligne en forme de croissant, elle est entourée d’étoiles. À la suite du soleil, un buddha volant, ceint de rais de lumière en forme de flammes, puis l’oiseau garuḍa à deux têtes entouré de serpents (voir AP7021), un autre buddha volant lui succède, la tête tournée vers cette paroi, il tient un bol à aumônes. Le dieu du vent enfin, portant le sac, active les souffles porteurs. On pourra noter au troisième rang, à côté de la première figure à gauche, un personnage au milieu d’une fournaise, les deux bras levés qui implore à grands cris la compassion du buddha. Sur la rangée du bas, à gauche du quatrième Vénéré, un corps étendu au sol dévoré par une tigresse évoque la célèbre légende du prince Mahāsattva, Mahāsattva Jātaka (chin. Mohesaduo bensheng 摩訶撒埵本生), qui se jette du haut d’une falaise afin qu’une tigresse puisse nourrir ses petits. À gauche de cette scène, un cavalier tire une flèche, devant lui une pièce d’eau ronde et un personnage qui puise de l’eau. Il s’agit de l’histoire de Shyama/Samaka, un modèle de piété filiale. Tué par accident, il revint « miraculeusement » à la vie et par la même occasion ses parents aveugles recouvrèrent la vue. Très apprécié dans le monde chinois, le héros a été nommé Shamo, mais est plus connu sous le nom de Shanzi, et la légende, Shanzi bensheng, 睒子本生.