Tumshuq, ensemble de têtes et de fragments divers, photographies prises à Tumshuq

Charles Nouette

À l’exception de la tête monumentale du tertre B, dont le mauvais état ne permit pas qu’on la rapportât, à coiffure en petites boucles et uṣṇīṣa (chin. dingxiang, 顶 相) bien individualisé, les têtes de buddha ne sont pas nombreuses et surtout de taille assez modeste. Les visages sont idéalisés, ovales, les yeux sont clos. La chevelure plate sur les côtés est plus haute sur le front. Il est fréquent que l’on n’individualise pas la protubérance crânienne du Buddha. Numéro 177, temple I, 233 et 244, ce dernier a l’uṣṇīṣa (chin. dingxiang, 顶 相) très aplati et les ondulations conventionnelles des cheveux ; tous deux, temple J.

Les cinq têtes de bodhisattva ou devatā, 232 et 222, temple I, 235, temple J, 175, temple B et 234, temple J offrent les caractères suivants, dans l’ordre : coiffure bouffante à mèches en croissants, double torsade et coque dressée en éventail ; cheveux séparés au milieu, mèches en boucles courtes, une torsade et un diadème à mascarons, exposé au premier étage (EO 1074) ; longue coiffure retombant sur les épaules dans le style de Hadda ; coiffure à mèches circulaires, torsade et diadème à médaillons orfévrés, sourcils rapportés ; longs cheveux et lourds pendants d’oreilles (EO 1332).

On notera une tête de laïc à calotte, 231, temple I ; une tête aux orbites creusées très réaliste, 247, point M ; en 223, un visage de soldat portant un casque à mentonnière ; en 228, une curieuse coiffure ornée de sortes de cabochons posée sur une toute petite tête rieuse, temple I, exposé (EO 1086) ; en 173, temple B, une petite tête de félin très soignée et en 196, une étrange tête d’homme-oiseau ?, figure de kinnara (musicien céleste) ou de Garuḍa (monture de Viṣṇu) ? Découverte le 12 novembre, elle proviendrait aussi du temple I, de même semblerait-il, le corps très endommagé d’un bodhisattva portant le dhoti, un brassard à médaillon orfévré et plusieurs rangs de colliers circulaires perlés, 197. Un dernier visage, sans numéro à côté du 196 doit être celui d’un ascète.

La partie inférieure du cliché présente un grand nombre d’éléments de décor, parties de corps humain, une tête d’éléphant (temple B) ; des éléments décoratifs en stuc à motifs végétaux, 241 (temple I) ; en bois, 204 et 251 (temple I et point Y), un torse de bodhisattva, un autre de guerrier, ainsi qu’une tête de mort.

Les têtes de mort sont nombreuses à Tumushuke. Sans doute un héritage de l’Afghanistan qui semble avoir usé de ces figures y compris de squelettes dans le décor des stūpa, tandis que moines et laïcs sont représentés tenant un crâne dans une main, illustrant par-là la méditation sur l’impermanence (Afghanistan, une histoire millénaire, cat. exp., Paris, musée Guimet, 2002, n^o 57, 60 et 87). Par ailleurs, on les trouve peintes parfois dans les cellules de moines à Kizil (Hambis, Mission Pelliot II, p. 372).

Le torse fragmentaire n^o 69 sera évoqué avec ceux de AP7562 ; le n^o 170 de provenance indéterminée pourrait être celui d’un ascète.

Un pied nu finement travaillé, 215, côtoie un pied chaussé d’une élégante sandale aux lanières ornées de cabochons, 104 tout comme le n^o 105 provenant du temple I.