Tumshuq, têtes de devatā et fragment de buste, photographies prises à Tumshuq

Charles Nouette

Sur ce cliché, une partie est consacrée à une série de petites têtes dont beaucoup proviennent du temple N fouillé surtout au cours de la première semaine de novembre, puis peu avant le départ, et du temple I, fouillé lors de la première quinzaine de novembre comme le temple B dont proviennent les têtes 48, 49 et le drapé 48 (bis, au bas de la photographie), tandis que 70 et 71 sont issus du temple I.

Les têtes de génie ou de brahmane sont ici caractérisées par une chevelure et une barbe bouclées qui les apparentent à des figures helléniques, n^o 138, 132, avec un turban, n^o 139 on reconnaît un brahmane et, avec une chevelure ébouriffée, un génie proche du n^o 335 (AP7566). Ce dernier est exposé dans les salles du premier étage du musée Guimet (EO 1081). Deux autres génies ou bien « êtres surnaturels », qui proviennent du temple I, se distinguent par leur taille et leurs qualités expressives : n^o 71, EO 1331 et n^o 70, EO 1070, également exposés. Coiffure à petites boucles, sourcils froncés, moustache et petits crocs discrets, l’un est coiffé d’une tête léonine, souvenir d’Héraklès ou encore d’Alexandre, et dont la symbolique a permis l’assimilation avec Vajrapāņi, le porteur du foudre. Protecteur du Buddha historique, il fut l’un des premiers bodhisattva du Mahāyāna avant de devenir une des divinités féroces qui écartent les démons, particulièrement populaire dans le bouddhisme tantrique (voir Sérinde, terre de Bouddha, n^o 217n).

Les têtes de bodhisattva ou devatā, nombreuses, permettent d’ajouter à la diversité des types de mèches et diadèmes portés vus sur le cliché AP7566. On notera deux extrêmes, l’un d’une infinie simplicité et d’une grande douceur, provenant du temple I, héritier sans doute assez direct des plus réussis des modèles gandhariens, le n^o 74 (Sérinde, terre de Bouddha, n^o 63, EO 1070) et l’autre, imposant et solennel, bien qu’affichant ce visage arrondi idéalisé caractéristique du site et notamment du tertre B dont il est issu et qui a fourni les grands reliefs, MG 23693, voir AP7542-43 et AP8588.

Les mèches, ici plus longues, partent d’un point central situé haut sur le front, le tout surmonté du bandeau support du diadème, donnant de la sorte au visage autant de présence que ce triple diadème, dont celui du centre laisse passer par son médaillon central un pan de tissu festonné (Sérinde, terre de Bouddha, n^o 70).

Exposé au premier étage du musée Guimet.