Kyzyl, grotte alpha

Charles Nouette

Le mauvais état de cette grotte est patent, mais on peut se rendre compte de l’organisation du décor sur les murs de la salle principale. Huit scènes de prédication en deux rangées de quatre. Sur ce côté droit, d’importantes lacunes ont fait disparaître le dernier des quatre buddhas de la rangée du bas et n’ont laissé dans la rangée supérieure que deux demi-scènes au centre presque impossibles à déchiffrer. Entre 1906 et 1907 sont apparues les deux lacunes du rang supérieur. À gauche du premier buddha (sur la droite) en partie détruit, un dieu à trois yeux est agenouillé, le corps de couleur foncée. Derrière lui, une divinité assise, plus haut, quatre femmes avec des offrandes. Les personnages autour du second buddha sont trop détériorés pour pouvoir être identifiés correctement. En bas à partir de la droite (qui est le côté de la porte), le Buddha est tourné vers un couple royal agenouillé. Devant son trône nagent trois personnages. Derrière le couple royal et au-dessus, des femmes, des bodhisattva ou devaputra. Sur la droite, un Vajrapāṇi (chin. Jingangshou, 金剛手) au corps sombre. Le second buddha est tourné vers un brahmane, de l’autre côté un buddha vêtu du costume monastique et tenant un khakkhara est debout. Devant lui, un adorant agenouillé lui présente une offrande. Parmi les personnages du fond, une musicienne tenant un instrument à cordes. Le troisième buddha est tourné vers un personnage debout qui paraît esquisser un pas de danse et qui porte à l’instar d’autres adorants des bijoux aux bras et poignets. À droite, un étudiant brahmane est menacé par un brahmane à l’air courroucé. L’entourage du dernier buddha, hormis le fait que ces personnages écoutent l’enseignement prodigué, n’est guère explicite. C’est à l’intérieur de cette grotte, dans le corridor de gauche, qu’est peinte la scène dans laquelle le ministre du roi Ajātaśatru (chin. Weishengyuan, 未生怨), accompagne le souverain à cheval se rendant dans le jardin où lui sera montré le tissu sur lequel on a dessiné les grands moments de la vie du Buddha jusqu’à son parinirvāṇa (chin. banniepan, 般涅槃) afin qu’il apprenne en douceur la mort du Bienheureux. Seule une infime partie de la scène redessinée par Grunwedel (Altbuddhistische Kultstatten in Chinesische Turkistan, p. 179) a pu être sauvée : la tête du ministre de Ajātaśatru accompagnant le roi est conservée au Museum für Indische Kunst de Berlin (MIK III AP8880). La légende d’Ajātaśatru est également représentée à Kizil dans la grotte 224 (AP7501) et dans la 219 (AP7496) et dans deux autres qui ne font pas partie des clichés pris par Charles Nouette à Kizil.