Touen-houang, grotte 72, paroi de gauche

Charles Nouette

Numéro actuel 99. Pour une description de la grotte, voir AP7964. Cette vue du mur sud est à associer avec celle du mur nord (AP7966), qui en forme une sorte de pendant. On a une figure centrale assise en padmāsana (chin. jiejiafu zuo, 結跏趺坐) et, de part et d’autre, organisées sur le mode vertical, les figures secondaires annexes associées au sūtra du Vénéré principal. Cet ensemble occupe toute la paroi. Le Vénéré principal est Mañjuśrī (chin. Wenshu pusa, 文殊菩薩), dans la forme qui lui est donnée dans le bouddhisme tantrique. Le sūtra qui le définit a un titre particulièrement long : Sūtra de l’océan de l’essence absolue du Mahāyāna yogavajra, le grand tantra royal de Mañjuśrī aux mille bras et mille bols. Il est abrégé en Sūtra de Mañjuśrī aux mille bras et mille bols, qian bi qian bo Wenshu jing, 千臂千鉢文殊經. Il s’agirait plus du reste d’un texte de rituel que d’un sūtra proprement dit. Il fut traduit en chinois sous les Tang. Le Vénéré est assis au sommet du mont Sumeru qui émerge de l’océan porté par deux rois nāga tenant le soleil et la lune. Derrière eux, des apsarā offrent des fleurs. De chaque côté de l’océan, en bas, ont été figurées deux divinités farouches. Les cartels hélas sont vides, il en va de même pour les autres assistants venus écouter le Vénéré. Celui-ci porte un diadème aux sept joyaux et aux cinq dhyāni buddhas de sagesse, wuzhi rulai, 五知如來. Les mains des bras tout autour de son corps, dont les deux ramenées devant lui, tiennent un bol dans lequel se trouve un buddha de transformation. Il y en a 222. Les mains des autres bras forment le triple cercle du reste de la mandorle, chaque main tenant également un bol. C’est une peinture très peu fréquente. Voir AP7963-66.