Touen-Houang, grotte 72, panneau de droiteCharles Nouette
[Chine. Province du Gansu], Touen-Houang [Dunhuang], grotte 72, panneau de droite
AP7966
Ancien numéro : 131
Paris, musée Guimet, archives photographiques
Prise de vue entre le 25 février et le 27 mai 1908
Négatif au gélatino-bromure d’argent sur pellicule
H. 24 ; L. 30 cm
Comme la figure de Wenshu sur le mur opposé (AP7962), celle de Guanyin aux 1 000 mains et 1 000 yeux, Sahasrabhuja arya Avalokiteśvara (chin. qianshou qianyan Guanyin, 牽手千眼觀音), occupe toute la paroi murale avec ceux qui l’entourent et les sujets relatifs au sūtra disposés verticalement de part et d’autre. Cette autre figure du bouddhisme tantrique est très populaire à Dunhuang dès les Tang et ensuite. Le texte qui la décrit, le Kāraṇḍavyūha Sūtra, fut probablement élaboré au Cachemire vers les ive-ve siècles et traduit en chinois sous les Tang, Fo shuo da cheng zhuangyan bao wang jing, 佛說大乘莊嚴寶王經. Le disque lunaire au sein duquel trône le bodhisattva sur une fleur de lotus est soutenu par deux divinités caryatides. Le bodhisattva est assis en attitude du diamant, comme Wenshu. Ses mains au plus près du corps forment des gestes ésotériques, les autres tiennent divers attributs souvent près de vingt de chaque côté. On peut ici distinguer, à gauche, la lune, le palais, le trident, le khakkhara et un chasse-mouche ; à droite, le soleil, un buddha de transformation, une lance et un « sceau précieux » portant un svastika. Cette expression, « sceau précieux », chin. baoyin shou, 寶印手, est liée aux deux sens possibles de « mudrā », le plus commun : geste de la main et des doigts, mais il y a aussi aussi celui de sceau. Or, en chinois, le sceau à imprimer est un objet d’une très grande importance culturelle et religieuse en particulier dans le taoïsme, car les inscriptions qu’il porte, fuwen, 符文, ont valeur de talisman. Les traducteurs des époques Tang et l’influence grandissante du bouddhisme ésotérique ont rendu cette traduction parfaitement adaptée. Ce sont bien sûr les deux formes ésotériques de Guanyin : à onze têtes, Ekadaśamukha Avalokiteśvara (chin. hiyi tou Guanyin, 十一頭觀音) et à 1 000 bras et 1 000 yeux, Sahasrabhuja arya Avalokiteśvara (chin. qianshou qianyan Guanyin, 牽手千眼觀音), qui se verront dotées d’un tel attribut. Parmi les mots gravés, le svastika est majoritaire. Outre qu’il est une des trente-deux marques du Buddha, il est, en chinois, homophone de « myriade, multitude ». Le sens donné à cet attribut serait celui de l’éloquence ou encore de l’élocution parfaite. Au-delà, ce sont trois cercles de mains avec un œil dans chacune qui constituent le reste de la mandorle. Sur les côtés en haut, il y a au moins un roi céleste, puis deux bodhisattva assis, puis un autre bodhisattva et une divinité farouche. Au bord de l’étang précieux à gauche, la déesse Sarasvatī debout et une autre figure terrible ; à droite, c’est l’ascète Vasu et une figure terrible. Ici aussi, malheureusement, les cartouches sont vides.
Localisation de la prise de vue :
Chine → Gansu → Dunhuang
Numérotation Pelliot : 72
Index iconographique :
Architecture : grotte ; peinture murale : divers figuré : décor géométrique ; peinture murale : personnage figuré : Guanyin aux Mille Mains et Mille Yeux
Étapes de publication :
Catherine Delacour, 15 mars 2023, rédaction de la notice pour première publication.
Pour citer cet article :
Catherine Delacour, « 131 » dans Catalogue des photographies de la Mission Pelliot en Asie centrale (1906-1909), mis en ligne le 15 mars 2023. https://guimet-photo-pelliot.fr/notice/notice.php?id=1160
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