Touen-Houang, grotte 146, paroi avant de gauche

Charles Nouette

Pour la structure de la grotte, voir AP8148-50.

Numéro actuel 332. Elle date du début des Tang et se trouve dans la partie nord du site, au niveau du sol, et peu éloignée de la grotte « aux manuscrits » (AP8186-87). Les deux montants sont ornés d’une scène de prédication. Celle du côté gauche concerne un buddha en padmāsana (chin. jiejiafu zuo, 結跏趺坐), sous un dais somptueux et assis sur un trône de lotus s’élevant d’un étang précieux. Il est entouré d’un très grand nombre d’autres bodhisattva assis et de deux grands bodhisattva debout. Selon les travaux japonais (« Tonkō bakkokutsu 敦煌跋扈石窟 » [grottes de Dunhuang] dans Chūgoku sekkutsu 中國石窟, Tōkyō, Heibonsha, vol. I, pl. 94 et texte p. 260, plan, p. 275, 1981-1982 ; AP8144), cette scène ferait référence à l’anecdote selon laquelle les cinq bodhisattva doués des cinq pouvoirs surnaturels, Wushentong pusa, 五神通菩薩, qui résident dans le temple Kurkutārāma en Inde, se seraient rendus dans le paradis de l’ouest et obtinrent d’être reçus par le buddha Amitābha (chin. Amituo, 阿彌陀). Ayant émis le vœu de ramener sur terre une image du buddha (afin d’y répandre son culte), aussitôt seraient apparues celles du buddha entouré de cinquante bodhisattva (tiré du texte rapportant les réponses miraculeuses aux trois joyaux en Chine, Ji shen zhou sanbao gantong lu, 集神州三寶感通錄, du moine Daoxuan, 道宣, du début des Tang, plus connu pour son texte sur les moines éminents). Certes, le nombre de bodhisattva représentés approche de cinquante, mais si l’on peut distinguer le buddha et ses deux bodhisattva assistants debout, tous les autres sont de taille réduite, assis chacun sur une fleur de lotus flottant sur les eaux. Par ailleurs, même si les lignes sont ténues, il est clair qu’ils sont tous reliés par une vaste arborescence du type de celle (moins développée), qui a été mentionnée en AP8144. Ainsi si le buddha est sans doute Amitābha, l’identité des bodhisattva peut être confondue avec celle d’âmes renaissantes, huasheng tongzi, 化生童子, parvenues à l’un des premiers niveaux les plus élevés de la renaissance (AP7956).