Kachgar, Yang Ichar, yamen préparé pour l’enterrement d’un général chinois

Charles Nouette

Dans les Carnets, la mission arrive à Shule en revenant de Païnap le 29 septembre. Il n’est pas fait mention ce jour-là de l’observation d’un stūpa. Il n’est à nouveau question de Shule que le 18 octobre, où la mission passe la nuit dans un saraï très « chinois ». Le lendemain, départ très tôt pour Yandamâ (chin. Yangdaman, 洋大曼), à une quinzaine de kilomètres à l’est de Shule, presque en ligne droite. Ces observations ont sans doute eu lieu entre la fin septembre et le 17 octobre, période durant laquelle les Carnets sont en effet interrompus.

Arrivée sur place se déroule une cérémonie funéraire qui n’est pas évoquée dans les Carnets. Au fond, derrière une arche en tissu savamment brodée d’ajours simulant un treillis de bois, le cercueil tendu de blanc, couleur de deuil dans la civilisation chinoise, sur lequel est posé, semble-t-il, ce qui ressemble à un portrait photographié du défunt dans un cadre rectangulaire. Le Xinjiang avait été conquis sur les Dzungars en 1750 par l’empereur Qianlong qui lui avait alors donné le nom de « Nouvelle frontière », Xinjiang, 新疆. Un gouvernorat général avait aussi été créé dans l’Ili, Yili, 伊犁 et le général nommé à ce poste, qui avait la haute main sur l’ensemble de ce territoire, installa ses quartiers généraux à Huiyuan, 惠遠, dans ce qui est aujourd’hui la préfecture autonome kazakh de l’Ifli. Ce gouvernorat dura jusqu’à la fin de l’empire et c’est après les succès remportés sur Yacoub Beg en 1877 (voir AP7827, AP8314 et AP7765) que le Xinjiang devint une province chinoise.