Touen-houang, grotte 182, paroi avant de gauche (époque mongole)

Charles Nouette

Bien que la partie haute du panneau de gauche (en regardant le cliché) présente une série d’émanations, absente sur la même partie du panneau de droite, et que le bas du panneau y soit occultée par le dernier étage du maṇḍala (en AP8174), il est possible que la figure principale soit une autre forme de celle qui apparaît sur le panneau de droite, ce cliché, et sans doute dans une composition similaire. Cette partie de la grotte n’est décrite dans aucun des ouvrages auxquels l’auteur de ces commentaires se réfère. Cependant, après quelques recherches, on proposera – sous toutes réserves – de voir dans le personnage du haut, assis de face, saisissant une coupe dans ses deux mains devant la poitrine, portant de larges boucles d’oreilles, de longs colliers, la divinité Ekajaṭī, connue aussi sous le nom de Māhacīnatārā (chin. Yifa fomu, 一髮佛母). C’est une des plus puissantes divinités furieuses du bouddhisme Vajrayāna (chin. Jingang sheng, 金剛乘), dont elle protège en outre les enseignements. En bas à gauche, une divinité debout, fendue vers la gauche, brandit une arme à l’horizontale à hauteur de la poitrine. Ce pourrait être Mahākāla, Daheitian, 大黑天, protecteur du dharma et de plusieurs écoles différentes. Celui de droite, monté sur une mule, pourrait être un autre grand protecteur du bouddhisme, épouse de Mahākāla, Palden Lhamo, dite aussi Śrīdevī. Dans certaines configurations, Ekajaṭī est la mère de Mahākāla et Śrīdevī. On pourrait par conséquent avoir ici ce type de configuration. À moins que Ekajaṭī, dont l’iconographie est inhabituelle, ne soit ici sous l’aspect de Jambhala (le dieu Kubera de la richesse), émanation du buddha.