Touen-Houang, grotte 70, paroi de droite, partie gauche

Charles Nouette

L’habituelle répartition des légendes illustrées qui accompagnent celle du Sūtra de la méditation sur Amitābha à la vie infinie, Amitāyurdhyāna Sūtra (chin. Fu shuo Guan Wuliangshou jing, 佛說觀無量壽經) est un peu bousculée dans cette grotte : si les Seize Contemplations, Shiliuguan, 十六觀 de la reine Vaidehī (chin. Weitixi, 韋提希) sont bien placées sur un des côtés, celle d’Ajātaśatru (chin. Weishengyuan, 未生怨), disposée à l’opposé, est en revanche beaucoup moins développée. En haut à gauche, on a choisi de figurer l’apparition du Buddha invoqué par Vaidehī emprisonnée. Depuis l’ūrṇā (chin. baihao, 白毫) de son front, un rai lumineux éclaire les mondes des buddhas des dix directions de l’univers. Cette scène occupe la moitié supérieure de l’espace à gauche et a vraisemblablement son origine dans celle du bas qui est la seule à avoir été photographiée en 1908. Devant une cité forteresse se déroule un exercice d’entraînement des troupes avec cinq lanciers en armure pointant leur arme ornée d’un fanion vers un adversaire également en armure et muni d’un bouclier. Derrière ce groupe, suivi des gens de sa suite et accueilli par force saluts obséquieux, s’avance un personnage à cheval dont l’importance est signalée par le dais que l’on tient au-dessus de sa tête. Un peu plus bas, un groupe d’officiels semble quitter la scène. Parmi ceux-ci se trouve sans doute le ministre et son adjoint qui ont obtenu d’Ajātaśatru qu’il ne tue pas Vaidehī, sa mère. La forteresse doit être celle de la ville de Rājagṛha sur laquelle règne Ajātaśatru, le fils du roi Bimbisāra (chin. Pinposuoluo, 頻婆娑羅) qu’il a fait emprisonner. Cédant aux instances de son ministre, il renonce à exécuter sa mère coupable d’avoir apporté de la nourriture à son époux mis au cachot et l’y enferme également. C’est depuis sa prison que Vaidehī implore le Buddha.