Touen Houang, grotte 117, corridor d’entrée, paroi de gauche (1)Charles Nouette
[Chine. Province du Gansu], Touen Houang [Dunhuang], grotte 117, corridor d’entrée, paroi de gauche (1)
AP8030
Ancien numéro : 198
Paris, musée Guimet, archives photographiques
Prise de vue entre le 25 février et le 27 mai 1908
Négatif au gélatino-bromure d’argent sur plaque de verre
H. 24 ; L. 30 cm
Numéro actuel 61. Elle se trouve au niveau du sol dans la partie nord du site, mais assez loin dans cette direction de la grotte du Buddha géant (numéro Pelliot 78). Aucun des clichés d’extérieur ne comprend cette partie des grottes. De grande taille, elle a été réalisée au cours de la période dite des Cinq Dynasties (907-960), qui suit la chute des Tang. Outre ses dimensions, elle est caractérisée par la richesse de son décor. Les clichés AP8030-34, puis AP8057-63 en donnent les aspects structurels de base. Le détail des parois est à découvrir sur les clichés AP8035-56.
AP8030 est consacré au côté gauche (sud) du corridor de l’entrée. Bien qu’en assez mauvais état, il subsiste un décor très inhabituel, celui du buddha Tejaprabha, de l’astronomie, dit aussi Buddha à l’éclat resplendissant, Chixingguang rulai, 熾星光如來. Assis sur un trône posé sur un char à deux hautes roues tiré par un bœuf que l’on ne voit plus et orné de deux grands oriflammes à motif de dragon, le Buddha tient une roue dorée sur la pointe de son index, probablement la roue de la Loi, dharma chakra (chin. falun, 法輪), qui symbolise ici les enseignements qu’il délivre, propres à éviter les désastres sociaux et naturels. Le choix du char a certainement pour but d’évoquer la Grande Ourse, Beidou, 北斗, constellation de première importance dans la culture et le taoïsme chinois. Tejaprabha est escorté par les neuf planètes (les cinq planètes, plus le soleil et la lune, mais augmentées des deux entités védiques des éclipses, Rāhu (chin. Luohou, 羅睺) et Ketu (chin. Jidu, 計都). Dans les hauteurs évoluent sur des nuages les vingt-huit mansions lunaires, ershiba xiu, 二十八宿, réparties en Chine en quatre groupes de sept sous la coupe du dragon de l’est, du tigre de l’ouest, du guerrier noir du nord et de l’oiseau vermillon du sud, toutefois ici personnalisées en sept groupes de quatre figures selon le modèle indien. Enfin, flottant dans les airs, des bulles, au nombre de douze portent, non pas les signes du zodiaque chinois, mais ceux de l’astrologie occidentale. Ce surprenant mélange d’un syncrétisme indien, chinois et iranien témoigne de la forte influence tantrique exercée à cette époque sur le bouddhisme et de la volonté des moines chinois d’insérer le bouddhisme dans leur culture. Ce thème iconographique rare, né à la fin du ixe siècle, disparaît après la dynastie Yuan.
Localisation de la prise de vue :
Chine → Gansu → Dunhuang
Numérotation Pelliot : 117
Index iconographique :
Architecture : grotte ; peinture murale : divers figuré : char ; peinture murale : personnage figuré : Buddha, Buddha Tejaprabha, Cao Yuanzhong, donateur ;
Étapes de publication :
Catherine Delacour, 15 mars 2023, rédaction de la notice pour première publication.
Pour citer cet article :
Catherine Delacour, « 198 » dans Catalogue des photographies de la Mission Pelliot en Asie centrale (1906-1909), mis en ligne le 15 mars 2023. https://guimet-photo-pelliot.fr/notice/notice.php?id=1227
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